Le développement du Rose Pilates en France, qui doit beaucoup à l’engagement et à la ténacité de Jocelyne Rolland, est une bonne nouvelle pour les corps des malades- corps malmenés, blessés, ressentis comme diminués par le cancer mais aussi pour le moral.
Les corps, d'abord.
Lorsqu’on sort d’une période où le cancer a envahi la vie, le corps n’a été, souvent, qu’une série de souffrances : mastectomie, reconstruction plus ou lourde, chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie.
L’idée même de « reprendre un sport » avec un passif de fatigues, de douleurs, d’épuisement général paraît déjà un pensum. Le sport, dans son acceptation générale, c’est encore de la fatigue, c’est « pousser » les muscles pour avancer, c’est finalement un supplément de souffrances à un moment où on a terriblement besoin d’un supplément de douceur.
Heureusement que le Pilates existe !
Le Pilates est venu ringardiser le « sport-transpiration », cette ascèse de la souffrance qui faisait dire à nos profs d’EPS que « si ça ne fait pas mal, ça ne sert à rien ».
En Pilates on respecte son corps, ses sensations, son propre rythme. On est à l’écoute de sa respiration. On rejette l’injonction du toujours plus vite, plus fort ou plus haut pour adopter la posture du toujours plus juste.
Le Pilates appelle chacun à renouer avec son corps, non en le changeant mais en le connaissant à nouveau (en le re-connaissant donc !), en l’accompagnant dans une dialectique globale du mieux-être. Le Pilates nous aide à renouer avec nous-mêmes.
Le moral ensuite. La traversée du cancer dure des mois, des années pour certaines. La chirurgie une fois passée, commence une longue période de traitements agressifs, souvent, dans le cas de cancers du sein, couronnés par une hormono-thérapie qui dure de 5 à 7 ans. Pendant cette presque décennie, hors de question de vivre en apnée ! Prendre rapidement des séances de Rose Pilates après une opération permet aux femmes de garder un lien social hors de l’hôpital et surtout de préparer « l’après ». Et se projeter dans l’après, c’est intérioriser l’idée que l’on va guérir. S’en sortir. Que le cancer a un début mais surtout une fin.
Ne pas abandonner son corps – et son esprit – à la maladie, préparer sa sortie victorieuse, se (re)découvrir, alléger les souffrances…